BRODERIES A L’HISPANIC SOCIETY SUITE ET FIN

Dans cette note nous poursuivons notre cheminement dans la collection de broderies liturgiques de l’Hispanic Society Museum & Library (HSML) à New York City, nous intéressant en premier à une…

Dalmatique avec des orfrois représentant de saints personnages

Fgure 1aFigure 1a
Dalmatique de l’Hispanic Society Museum and Library, face

Figure 1b aFigure 1b
Dalmatique de l’Hispanic Society Museum and Library, dos
 



Flamande ou espagnole ?

La notice de cette dalmatique indique qu’elle est : espagnole, de la fin du XVe ou début du XVIe siècle, fabriquée avec un  velours de soie rouge et or comme étoffe de fond, elle-même adornée avec deux orfrois colonne latéraux, reliés par une bande horizontale à hauteur de la poitrine, brodés de fils métalliques, soie polychrome et perles. Les deux faces sont identiques tant par la forme que par les orfrois. La broderie des deux bandes verticales, devant et derrière, ainsi que de la bande horizontale qui les relie vers le haut de la pièce – contenant un total de dix-huit figures – est réalisée avec des fils métalliques et des soies polychromes ornées de perles appliquées par intermittence. En ce qui concerne le décor il est écrit que « on peut déceler dans la broderie une certaine influence flamande, tant dans l'architecture abritant les figures que dans les arrière-plans, dans la largeur des niches et dans la représentation des figures. Comme l'a souligné Kristin M. Martin, il est possible que le velours provienne de Grenade, mais l'orientation et le style de la broderie suggèrent une origine flamande. Malgré tout cela, on trouve des pièces parallèles à cette dalmatique provenant d'Espagne, comme la chasuble conservée au Metropolitan Museum de New York (The Cloisters Collection, inv. 54.17). Des pièces similaires, ornées du même type de broderie, sont visibles sur un ensemble complet de vêtements, comprenant chape, dalmatique et chasuble, conservé au Museum Catharijneconvent d'Utrecht (inv. OKM t202) ».  

Je suis totalement en désaccord avec l’attribution à l’Espagne. Les auteurs de la notice ont fait preuve de perspicacité en décelant « dans la broderie une certaine influence flamande, tant dans l'architecture abritant les figures que dans les arrière-plans, dans la largeur des niches et dans la représentation des figures ». Que « le velours provienne de Grenade » n’est en soit une preuve que la dalmatique soit espagnole et ils ont raison d’insister que « l'orientation et le style de la broderie suggèrent une origine flamande ».

Le problème se corse, pour ainsi dire, quand ils font référence à « la chasuble conservée au Metropolitan Museum de New York (The Cloisters Collection, inv. 54.17», puisqu’ils se fient à deux mentions erronées. En effet, la première erreur est qu’il ne s’agit point d’une chasuble mais bien d’une dalmatique, dont les manches ont été amputées, ce qui pourrait expliquer, mais très difficilement, cette mauvaise attribution. La seconde est l’attribution à l’Espagne faisant foi à de la déclaration de l’antiquaire l’ayant vendu comme étant une « Dalmatique de velours rouge à motif de grenade, brocart d'or de l'époque d'Isabelle la Catholique -Travail espagnol ». Que l’étoffe de fond soit « de l'époque d'Isabelle la Catholique » c’est plausible, qu’il s’agisse d’un « Travail espagnol » apparait, rétrospectivement comme un argument vendeur vis à vis d’un collectionneur intéressé par des œuvres de cet origine. 

Le rédacteur de la notice de l’HSML est parfaitement dans le vrai quand il écrit que « Des pièces similaires, ornées du même type de broderie, sont visibles sur un ensemble complet de vêtements, comprenant chape, dalmatique et chasuble, conservé au Museum Catharijneconvent d'Utrecht (inv. OKM t202) »  

En effet, le catalogue du Catharijneconvent d'Utrecht[1] montre quatre dalmatiques du XV-XVIe siècle où les orfrois colonne sont disposés exactement comme dans l’exemplaire de l’HSML et comportent généralement quatre niches et rarement trois. La seule différence notable, mais inhabituel, se situe au niveau de manches qui sont, parfois, agrémentées d’orfrois, comme dans celle dite de « David de Bourgogne », Fig. 2.

Fgure 2Figure 2
Dalmatique dite de David de Bourgogne, Catharijneconvent, Utrecht

La dalmatique du Catharijneconvent (Ref. 1) à laquelle le rédacteur fait référence est celle numérotée 35c du catalogue reproduite  Fig. 3. L’étoffe de fond et les niches abritant les saints personnages sont très différents de celles de l’HSML, mais, détail important, la forme de la bande horizontale est identique dans les deux exemplaires[2].

Fgure 3Figure 3
Dalmatique au Catharijneconvent, Utrecht

Revenons à la soi-disant chasuble conservée au Metropolitan Museum de New York et « provenant d'Espagne », Fig.4. Autant que la qualité de la photo le permet on voit que, par rapport à la figure 1b : le dessin de l’étoffe de fond est identique, la forme de la bande horizontale est la même et le nombre de niches est le même. Heureusement, nous disposons d’une image d’une des niches et ceci nous permet de la comparer à celle de la dalmatique de l’HSML, Fig.5.

Elles sont terminées par un fronton triangulaire crénelé sous lequel il y a une arche à double courbure s’appuyant sur des chapiteaux trapézoïdaux soutenus par des colonnes portées par une base cylindrique. Autour du fut de la colonne s’enroule un double  cordon dont on voit quatre tours. L’arche supérieure s’ouvre sur une architecture à croisées d’ogives avec une clé de voute pendante. Les niches sont indubitablement identiques.

Fgure 5Figure 5
À gauche détail d’une niche de la dalmatique de l’HSML, à droite du Metropolitan Museum

On note assez clairement que le fond des niches présente un décor apparenté, sinon identique, obtenue en « jouant » sur la disposition de fils de soie qui croisent les filés or pour constituer la couchure, donnant ainsi l’impression d’un entrecroisement de rubans ou de baguettes. L’utilisation de la soie rouge[3] pour croiser l’or est aussi typique de cette production. L’exemple le plus marquant est le décor des fonds des images du cycle de la vie de saint Martin, vers 1440-1450, dont la Fig. 6 reproduit, pour illustrer mon propos, la scène de l’apaisement des flots, où le ciel est un « fondo oro » comme celui des fonds des niches de la dalmatique[4]. Nous aurons à élaborer à ce sujet dans la section suivante, consacrée à la broderie.

Fgure 6Figure 6
Cycle de la vie de saint Martin : L’apaisement des flots, France, vers 1440-1450, Barthélémy d’Eyck (patron), Pierre du Billant (broderie), Achat Martel, 1909,

Musée des Tissus de Lyon, MT 29103.1.
© Lyon, musée des Tissus et des Arts décoratifs – Pierre Verrier

 L’autre particularité est la présence de personnages ayant des cheveux roux, comme dans les trois fragments brodés d’une croix de chasuble de l’ancienne collection Fruman aujourd’hui au musée de Cluny, Fig. 7.

Fgure 7Figure7
À gauche, détail de Sainte Hélène sur la bande horizontale de la dalmatique de l’HSML(Fig. 1b), à droite, détail d’un orfroi représentant
La dernière cène de l’ancienne collection Fruman aujourd’hui au musée de Cluny. En dépit de la différence des tonalités des chevelures on note que les deux personnages représentés ont des cheveux roux, entre l’orange et le rouge ; ceci est une caractéristique de la majorité des broderies flamandes de cette époque.

Ma conclusion est que les deux dalmatiques, HSML et MET,  font partie du même ensemble, Fig. 8,  démembré, peut-être par le même antiquaire qui les a vendus aux deux institutions. L’absence des manches dans l’exemplaire du Metropolitan pourrait être due au fait que, les deux fragments de velours réunis pouvaient constituer un précieux document d’un velours tout à fait exceptionnel, « travail italien, on le dit parfois flamand, du XVe siècle », comme le décrit Errera[5], et être vendu séparément. Enfin, Il ne d’agit nullement d’un ornement espagnol, ni par l’étoffe de fond, très probablement italienne, ni par la broderie des orfrois, indiscutablement flamande.

Fgure 8

    Figure 8
À gauche la dalmatique de l’HSML avec ses manches effacées, à droite celle du Métropolitain Museum.

Retour aux broderies

Penchons-nous sur le saint de la Figure 5 à gauche, reproduit en entier et en couleurs Fig. 9. En partie haute, l’architecture du baldaquin de la niche est traitée, presque en totalité, en couchure de filé or croisé de soie jaune. Les tores et autres éléments en relief, comme ceux encadrant la niche et les chapiteaux, sont en guipure ou broderie sur corde de différents diamètres. Les croisés d’ogives, la clé de voute pendante et le nimbe du saint qui y est abrité, sont en filé or en couchure, qui se détache sur des voutes brodées en soies au passé plat dans les tonalités de bleu, Fig. 10. Le fond or devant lequel se trouve Saint Luc est, comme indiqué ci-dessus, en couchure de filé or croisé de soie rouge. La tunique et le manteau du saint sont brodés en soies polychromes au passé plat tandis que les carnations sont au point fendu.     

Fgure 9Figure 9
Saint Luc et le taureau à ses pieds

Fgure 10Figure 10
Détail de Saint Luc portant son Évangile.

Je vais vous montrer une gallérie de portraits sans commentaires puisque vous avez maintenant, chères lectrices et chers lecteurs, tout ce qu’il vous faut pour en profiter.

Commençons par ce jeune saint, puisque nimbé, en armure, tenant la hampe d’une hallebarde de la main droite et le pommeau d’une épée de la main gauche, comme dans un tableau de Jaume Huguet datant de 1448 environ représentant Saint Georges debout à côté de la princesse.

Fgure 11Figure 11
Saint Georges en armure

Fgure 12Figure 12
Détail de Saint Georges en armure

Fgure 13Figure 13
Saint Louis couronné, portant la couronne, le sceptre et le manteau bleu semé de fleurs de lys.

Fgure 14Figure 14
Détail de Saint Louis.  

 

Fgure 15Figure 15
Sainte martyr tenant un livre

Fgure 16Figure 16
Saint martyr s’appuyant sur un bâton en tau (Antoine ?)
  

Poursuivons notre parcours des broderies de l’Hispanic Society en abordant une œuvre qui est, elle, incontestablement espagnole.

Un chaperon de chape avec l’assomption de la Vierge

Il s’agit d’un chaperon en forme d’écu, Fig. 17, décoré avec un cartouche ovale qui enserre une image de la Vierge en prière, soutenue à hauteur de sa taille par deux anges et couronnée par deux autres au-dessus de se tête. À ses pieds, une demi-lune et au-dessous un chérubin qui la connecte avec le cartouche. Elle est habillée d’une robe rouge et complétement enveloppée d’un manteau bleu. Sur une étoffe rouge, un décor de feuillage et de fleurs de fantaisie occupe l’espace entre le cartouche et la bordure du chaperon, indiquée par un simple ruban brodé et suivi d’un galon hispanique rouge et or.

Fgure 17Figure 17

Fgure 18Figure 18

La broderie à l’intérieur du cartouche est en or nué, Fig. 18, sauf pour les carnations. La perte de matière du visage de la Vierge, Fig. 19,  permet de voir que l’espace lui était réservé puisque on aperçoit la toile de fond avec le dessin préparatoire. Pour les mains jointes de la Vierge et les visages des anges il semblerait que l’on ait enlevé la lame métal des filés or pour pouvoir broder sur l’âme dénudée[6].    

Fgure 19Figure 19
Détail du visage de la Vierge et des anges. Notez que la broderie du visage de la Vierge est presque totalement disparue

Le cartouche est en couchure de filé or cernée par des cordonnets. Le feuillage et les fleurs de fantaisie sont en application de teletta, bordée et agrémentée par des cordonnets pour définir les détails végétaux.

Fgure 20Fig. 20
Trois ascensions du Monastère de Guadalupe, Espagne

Le thème de l’ascension de la Vierge a été illustré par Juan de Juanes (1507-1579) dans un tableau qui la montre au-dessus d’une cuve, supportée par un chérubin à ses pieds et quatre anges, deux qui accompagnent le chérubin et deux qui la soutiennent par les bras. En broderie nous connaissons un chaperon brodé, du monastère de Guadalupe[7], où elle est aussi entourée de quatre anges, deux au niveau de la taille et deux des épaules, qui tiennent la couronne au-dessus de sa tête, et un chérubin aux pieds. Il est attribué au père Diego de Toledo, du XVe  siècle, donc antérieur au tableau que nous venons de mentionner. Du même auteur et du même siècle, autre superbe ascension dans laquelle on passe de quatre à six anges, richement habillés avec des chapes taillées dans de riches étoffes. Et, finalement, un « azaleja » plus tardive, mais aussi impressionnante, surtout par la partie supérieure où Dieu le Père, au milieu d’une ronde de chérubins, tient la couronne  au-dessus de la colombe du Saint Esprit.

Je ne peux pas m’empêcher de rapprocher le chaperon de l’HSML du panneau des litanies de la Vierge, Fig. 21,  de notre collection (en ma possession encore, en attente qu’il rejoigne peut-être une grande collection muséal), indubitablement espagnol et du XVI/XVIIe siècle.  

Fgure 21Fig. 21
L’ascension de la Vierge, Collection Josiane et Daniel Fruman

Il représente, au centre, la Vierge, debout sur un chérubin, soutenue par quatre anges et couronnée par la Trinité – le Père, le Fils et le Saint Esprit. L’image est entourée par quelques-uns des  symboles apparaissant dans les Litanies de la Vierge. On remarque de gauche à droite et de haut en bas : le soleil, la lune, le cyprès, le palmier, la fontaine et la tour (de David). En dessous ou autour des symboles un phylactère. Tout autour un galon avec des motifs d’arceaux à une volute renversés en alternance et reliés par des brides intercalés d’un cartouche portant une  pierre sertie dans une cuvette métal.

Le fond du panneau est en velours rouge. La broderie de l’image centrale, en or nué pour les habits et au point fendu (pratiquement disparu) pour les visages et membres, Fig. 22, est appliquée sur le velours. Les symboles des litanies sont aussi brodés séparément, certains en relief, et appliqués. Les motifs en bordure sont en filé or en couchure simple et gaufrure. Le champ est semé de paillettes bombées. Notez que le Saint Esprit et la couronne sont en métal estampé, ce qui est très rare.


Fgure 24Fig. 22
Détail des litanies de la Vierge, Fig. 21, montrant la broderie en or nué des habits et les manques dans les broderies des carnations. Notez, entre les parties XVIe et XVIIe, ainsi qu’autour la colombe, la canetille argent.

Il y a indubitablement une parenté entre le chaperon de l’HSML et notre panneau. Cette parenté  inclut le fait que la Vierge et ses accompagnants sont, dans les deux objets et sans conteste, du XVIe siècle, comme l’indique  la technique de la broderie employée, l’or nué. Pour les parties additionnelles, en broderie d’application pour l’une et par le type de décoration pour l’autre, elles sont plus caractéristiques des ouvrages du XVIIe siècle.

Et pour finir nous abordons…

Deux manchons de «  bocamangas » de dalmatique avec saints

… pour lesquels il n’y a aucun doute quant à leur appartenance à une dalmatique espagnole[8] du XVIe siècle. Il suffit, pour s’en persuader, de visiter le site de la cathédrale de Grenade consacré aux ornements liturgiques du XVIe siècle et, en particulier, se référer à la reproduction d’une des dalmatiques, dont les parements ont été brodés, entre 1584 et 1591, par commande de l’évêque Juan Méndez de Salvatierra (1577-1588), Fig. 23.

Fgure 23Figure 23
Dalmática del terno rojo de Juan de Villalón, bordador, en la Cathedrale de Granada

Cette dalmatique ne peut pas être plus espagnole[9] : elle comporte des épaulettes, de courtes bandes verticales (jabastros), panneaux frontaux (faldones) et panneaux dans les manchettes (bocamangas). Dans le cas présent, les derniers sont particulièrement larges par rapport à ceux que l’on rencontre d’habitude, comme dans la dalmatique du cardinal Fonseca à la cathédrale de Tolède et celle de l’atelier de broderies du Monastère d’El Escorial. Dans l’Hispanic Society est aussi conservée une dalmatique (H3920) sur laquelle on retrouve les mêmes éléments brodés avec « deux types de couchure, l’un léger et l’autre lourd[10] » et, en particulier, des panneaux de manchettes (bocamanga).  Les deux qui nous intéressent ici sont reproduits en Fig. 24a et b.

Fgure 24aFigure 24a
Panneau de manchette de dalmatique avec la représentation de Saint André, HSML, NYC.

Fgure 24b 1Figure 24b
Panneau de manchette de dalmatique avec la représentation de Saint Jacques, HSML, NYC.

Chaque panneau, de forme rectangulaire, est borné d’un large galon brodé avec des motifs de losange, et limité, extérieure et intérieurement, par deux cordons enserrant, à leur tour, une guipure sur corde retordue. Au centre de l’espace ainsi défini il y a un cartouche circulaire qui encadre une représentation de Saint André, avec sa croix en X, et Saint Jacques avec son chapeau et son bâton (bourdon) de pèlerin. Le chapeau est habituellement décoré avec une coquille (saint Jacques), qui est ici remplacée par deux bâtons croisés. De chaque côté il y a un décor végétal avec de tiges, feuilles, vrilles et fleurs d’imagination. La broderie est en totalité en or nué et couché, partiellement sur corde, sauf pour les carnations en point bouture (voir note 6), comme on peut le voir en examinant la main droite de Saint Jacques qui, grâce à l’usure superficielle laisse apercevoir les âmes des filés or, dégarnies du métal les entourant. Une variété de cordons de diffèrent diamètres sont utilisés pour border et souligner des motifs  plats en or nué, comme il s’est fait habituellement.

Fgure 25aFigure 25a
Détail de Saint André de la Fig. 24a
  

Fgure 25bFigure 25b
Détail de Saint Jacques de la Fig. 24b

La qualité de la réalisation peut être mieux appréciée grâce aux détails des Figure 25a et b. Dans la première, le visage de Saint André se détache sur le fond du ciel, à gauche, et d’un bras de sa croix, à droite. Un regard attentif à gauche montre qu’une partie des fils représentant une touffe de cheveux au-dessus de l’oreille ont disparu laissant voir l’or nué sous-jacent qui se prolonge sous le crâne dégarni du saint. La vivacité du regard est tout à fait remarquable et est achevée par un travail délicat des paupières, de l’œil et de la pupille. Pour les chairs les points de soie sont de très petite longueur et extrêmement serrés ce qui permet d’avoir une très belle représentation des rides, des lèvres entre la barbe et des teintes de la peau. Ces considérations sont applicables à la représentation de Saint Jacques, où, grâce à une meilleure qualité de la photo, on arrive à voir la finesse des soies employées pour les carnations et, en presque transparence les âmes horizontales des filés or dégarnis (surtout là où prend naissance la barbe.

Fgure 26
Figure 26
Détail du galon et du cartouche de la Fig. 24 b

Enfin, le détail du galon et du cartouche, Fig. 26, permet d’observer, toujours grâce à l’usure[11], la corde sous-jacente de la guipure et le décor du galon obtenu en jouant, comme il a été signalé dans le cas de la dalmatique flamande, par un croissement approprié des filés or.

En guise de conclusion…

Je n’ai fait que partager avec vous les œuvres de l’HSML pour lesquelles j’avais une documentation photographique assez bonne pour illustrer convenablement mes propos. L’institution possède d’autres broderies liturgiques auxquelles je n’ai pas pu accéder au cours de ma visite, entre elles un groupe de quatre panneaux en relief (H3912 à H3915), des orfrois (H3924 et H3926), une « mangue » (H3941), une chape (H3932), et bien d’autres choses… J’espère que l’occasion se présentera de les faire connaitre.    

         


 

 

E17a21a5 e3f1 4063 8294 430df2e9cd7fNoemí Espinosa, Conservateur, et moi avec le chaperon de l’assomption  de la Vierge. En arrière plan la dalmatique flamande.

 

 

[1] Schilderen met Gouddraad en zijde, Utrecht, Rijkmuseum Het Catharijneconvent, 1987. N° 23, 26 et 35c, p. 113,114, 115, 153,157, 171 et 173.

[2] Parmi les très nombreux exemples de dalmatiques dont la coupe est pratiquement identique à celle que nous évoquons on peut citer : Die Domkammer der Kathedralkirche St. Paulue in Münster, Münster, 1991, n° 123, p. 148. Le bandeau horizontal est aussi de forme rectangulaire avec une niche au centre, exactement comme dans les figures 1 et 3.

[3] Christine Descatioire,  L’art en broderie au Moyen-age, RMN-GP, 2019, n° 52, 94 et 99, p. 80-81, 122 et 125.

[4] Les exemples de ces « fondo oro » sont extrêmement nombreux mais on peut citer : Die Domkammer der Kathedralkirche St. Paulus in Münster, Münster, 1991, n° 131 et 132, p. 146 et 147. Les deux œuvres sont données comme provenant de Bruxelles et Nederland, autour de 1500.

[5] ERRERA (Isabelle), Catalogue d'étoffes anciennes et modernes, 3ème édition, Bruxelles, Vromant & Cie, 1927, n° 139, p.  146-147.

[6] Il s’agit du point bouture  qui est un point spécifique destiné à la broderie des carnations quand on exécute un fond en lançant des filés de gros or sur la totalité du fond pour préparer à l’or nué. Dans ce cas « Les carnations se font toutes en soie plate de sens contraire à l’or…à points satinés très fins , ce qui s’appelle point bouture…Les cheveux & la barbe se brodent en tournant , aussi à point fendus du sens que les boucles ou les ondulations l’indiquent » (SAINT-AUBIN (Charles-Germain de), L'art du brodeur, 1770, réédité par le Los Angeles County Museum of Art, Los Angeles, 1983, p. 11-12)

[7] García (Sebastián), Los bordados de Guadalupe – Estudio histórico-artístico, Ediciones Guadalupe, 2006, p. 58,77 et 78

[8] Pur ceux qui seraient intéressés pour voir des dalmatiques espagnoles mises en scène dans des tableaux, je leur suggère de  consulter la page consacrée aux peintres Carreño de Miranda et Claudio Coello dans ce même site.

[9] Pour ceux qui auront le courage, je les invite à visiter la page consacrée aux œuvres de la collection Fruman au Musée de Cluny et la section  dédiée à un parement et deux poignets de dalmatique de la fin du XVe siècle espagnol.

[10] HANDBOOK, The Hispanic Society of America Museum and Library Collections, Printed by order of the Trustees, New York, 1938 p. 287-288. Il est dit “Two types of couching, one light and the other heavy , have been combined on the sixteen century dalmatic of black velvet (H3920), making it one of the richest and most striking vestments in the collection of the Society.”

[11] Usé jusqu’à la corde !

Date de dernière mise à jour : 06/06/2025